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Cela fait maintenant 3 mois que j’ai quitté Bangkok et après avoir traversé la Thaïlande, le Cambodge, le Laos et le Vietnam à vélo, je pédale maintenant en Chine depuis un mois. Dans mon dernier article, je vous racontais mes premières semaines en Chine et je vous avais laissé aux portes du Tibet : à Dali. Me voilà maintenant au cœur de ce magnifique Tibet !
Arrivée au Tibet !
Appuyé sur la chaine montagneuse de l’Himalaya, le Tibet est la région la plus élevé de la planète avec une altitude moyenne de 4 900m. L’Everest domine la région à plus de 8 848 m d’altitude. Bref, ce n’est pas de tout repos à vélo mais les paysages sont magnifiques et les traditions ancestrales préservées.
Visite de la vieille ville de Dali
Dali est une ville médiévale qui attire de nombreux touristes chinois. Depuis que je suis entré en Chine, c’est la première fois que je découvre une ville typiquement chinoise telle qu’on peut le voir dans les films !
Le centre historique est entouré de rempart et il faut franchir de grandes portes pour pénétrer dans la ville. Les maisons et échoppes sont souvent construites en bois et les maisons de crépis sont joliment décorées de dessins et inscriptions chinoises.
Même la guesthouse à 2€ est d’architecture traditionnelle chinoise et magnifiquement décorée de lanternes rouges.
En route pour Lijiang : challenge sportif !
Environ 200km séparent Dali de Lijiang, la prochaine ville étape. Je reprends la route avec mes nouveaux camarades de route chinois. Le premier jour, nous faisons 125km et battons également notre record d’altitude sur cette route de haute montagne. Faire 100km/jour sur du plat, c’est déjà une bonne moyenne mais faire 125km sur de la route de montagne, c’est de la folie et je me promets de plus jamais recommencer !
Le soir, les chinois avait prévu de dormir à l’hôtel mais évidemment je reste fidèle a mes objectifs budgétaires et je m’interdis l’hôtel en dehors des pauses. L’un de mes coéquipiers, Xiao Dong m’accompagne et nous trouvons finalement une ferme prête à nous accueillir. Ils nous offrent même le diner et je peux prendre ma douche. Pouvoir prendre une douche n’est pas une priorité chez mes coéquipiers chinois mais personnellement, j’ai beaucoup de mal à me coucher sans avoir pu me débarrasser de la couche de poussière mêlée à la sueur !
Arrivée à Lijiang
Le lendemain, il nous reste environ 60-70 km à parcourir. Le matin, nous rejoignons le groupe à 20km de là où Xiao Dong et moi avons dormi puis nous continuons la route ensemble vers Lijiang. Nous empruntons les petites routes qui nous font passer par de très jolies villages, sites protégés et villages.
En fin d’après-midi, nous arrivons dans la guesthouse tenue par un ami de l’un de mes camarades de route chinois. Nous sommes très bien accueillis et moi tout particulièrement parce que je suis étranger ! C’est la première fois que Mummu a un étranger dans sa guesthouse et malgré la difficulté pour communiquer et les mots anglais qui sortent au compte-goutte, je comprends qu’il est déterminé à rendre mon séjour à Lijiang inoubliable ! Il refuse que je paye quoique ce soit pour l’hébergement et les repas. Il veut également me faire visiter la ville et la région et m’aider dans mes démarches de renouvellement de visa.
J’avais initialement prévu de ne rester que 3 ou 4 jours et de foncer ensuite à Shangri-La pour renouveler mon visa ni trop tôt, ni trop tard. Au final, mes camarades cyclistes et moi sommes restés plus de 8 jours à Lijiang. Cela nous a laissé le temps de nous reposer, de bien manger, de visiter le magnifique centre historique, de renouveler mon visa et de tenter d’escalader la Montagne du Dragon de Jade à 6000m d’altitude.
L’escalade est assez aventureuse car Mummu fait office de guide mais il n’a pas de carte et semble bien désorienté dans l’épais brouillard qui enveloppe la montagne. C’est finalement mon GPS et la boussole intégrée à mon téléphone qui donnent le cap. Évidemment, dans le brouillard, on se heurte littéralement à de gigantesque falaise qui nous bloque la route vers le sommet. On tourne en rond pendant près de 3 heures et finalement le nuage dans lequel nous étions laisse la place à un peu plus de visibilité pendant une trentaine de secondes. Juste le temps d’apercevoir au loin des petits points rouge qui sont en fait un groupe de touristes qui grimpent accompagnés de ‘vrais’ guide. Gros soulagement. On se dirige donc vers eux et les rejoignons au bout de 15min.
A 15h, vers 4100m d’altitude et après déjà 8 heures de marche, on ne voit toujours pas la neige. Le chemin est compliqué car très abrupte et instable. Des panneaux indiquent en chinois de ne pas continuer en raison de danger trop important. Nous continuons encore 1h dans l’espoir de fouler la neige mais sans succès et il est temps de redescendre pour être en bas avant la nuit. Un peu frustré de ne pas avoir vu la neige et d’avoir perdu tant de temps à chercher le chemin mais malgré tout les paysages étaient magnifiques pendant les quelques secondes entre les nuages et en fin de journée quand le ciel s’est dégagé !
VISA EXTENSION : L’extension de visa est toujours une tracasserie administrative dont on aimerait bien se passer. Il parait que les démarches sont plus simple à Shangri-La mais heureusement, j’ai été aidé par Mummu ! Il a fallu d’abord aller au commissariat pour récupérer une attestation d’hébergement prouvant que j’habite actuellement chez Mummu (sa guesthouse n’étant pas accréditée pour l’hébergement d’étrangers). Nous sommes ensuite allés faire des photos d’identité au format papier et numérique sur clé usb avant de passer au PSB Entry and Exit Public Administration Office. Arrivé là-bas, on nous fait comprendre qu’ils ne peuvent pas accepter les photos sur clés usb. Nous étions sensés aller chez un photographe agréé qui aurait transféré directement les photos à la police par informatique. Le hic, c’est que j’ai fait mes photos auprès du photographe de la police sur les conseils d’un des agents du PSB… Finalement l’officier n’a pas fait de problème et a accepté mes photos. 48h après, j’ai reçu mon extension de visa en échange de 160 RMB (22€) qui me permet de rester 1 mois de plus à compter du jour de la demande d’extension. Attendez donc le dernier moment pour faire votre extension. 2-3 jours avant expiration du visa est idéal.
Shangri-La : la ville mystérieuse !
En chinois : 香格里拉市 et en tibétain : སེམས་ཀྱི་ཉི་ཟླ་གྲོང་ཁྱེར།.
Après avoir repoussé plusieurs fois notre départ de Lijiang, il était temps de s’arracher au confort et à nos nouveaux amis de Lijiang à nous remettre en route vers Shangri-la, 200km plus au nord et surtout plus haut (3100m). En me basant sur l’itinéraire des “Tandem Libelulle” qui ont également fait le Bangkok Paris à vélo il y a 2 ans, je comptais prendre la route de l’est et traverser une réserve naturelle dont l’accès est gratuit après 16h30. Malheureusement après 2 bonnes heures de montées, nous atteignons déjà la barrière de la réserve naturelle et il n’est que 11h…Xiao Dong, mon compagnon de route est furieux et me fait comprendre que c’est de ma faute si on est bloqué… La reprise du vélo commence bien ! De mon côté je déteste être bloqué inutilement et m’apprête à chercher un endroit pour contourner le portique mais je m’arrête tout de même pour discuter avec un employé. Il m’explique que la route est “cassée” et qu’on ne pourra pas aller jusqu’à Shangri-La. Je me méfie un peu des routes cassées comme les appelle les chinois. Parfois, ce sont simplement de vieilles routes transformées en pistes qui sont difficiles mais tout de même franchissables. De toute façon, mon ami chinois n’aurait même pas imaginé entraver la loi et contourner le portique et s’il s’avérait que la route soit bel et bien coupée, j’aurais assisté à mon propre lynchage. Donc demi-tour, on reprend la même route que dans la matinée et on se lance dans un détour de de 70km. Génial ! Le reste de la route vers Shangri-La se passe bien malgré une reprise du vélo un peu difficile après une semaine de confort et de paresse. En arrivant dans la région de Shangri-La, les paysages deviennent tout simplement incroyables et absolument magiques.
La légende veut que la région de Shangri-La ait été la source d’inspiration du nouvelliste britannique James Hilton pour écrire Lost Horizon. C’est seulement suite à cela que le gouvernement chinois a choisi de rebaptiser la ville en “Shangr-La” en référence au récit de Hilton et dans le but de développer un tourisme de masse dans la région. Personnellement, je n’ai rien vu d’exceptionnel dans la ville mis à part le temple central et son moulin à prière géant ainsi que le mini-Lhassa un peu en périphérie de la ville. Concernant ce dernier, ça a été une sacrée aventure pour s’en approcher ! J’ai fait une première tentative pour m’en approcher en compagnie de Xia Dong mais me fait insulter et postillonner dessus par un chinois à moto. Au début, je n’en comprends pas la raison mais un garde arrive de je ne sais où et nous fait comprendre de faire demi-tour. Je ne bouge pas car encore une fois je ne supporte pas qu’on m’interdise l’accès à un endroit où je devrais pourtant avoir le droit d’aller. Nous étions sur une route publique menant vers au moins une dizaine de villages ‘publics’ et le temple était encore à 4km de là. Bref, il n’y avait aucune raison de nous arrêter. Le gardien commence à s’exciter, je boue intérieurement et surement un peu extérieurement puisque Xiao Dong essaye de me calmer et de me faire faire demi-tour.
Le gardien a dit que c’était le seul accès au temple mais je n’ai pas dit mon dernier mot et suis bien déterminé à voir ce temple dont on parle tant. On reprend le vélo et je me dirige vers une piste qui semble mener vers le temple en faisant un détour de 10km derrière une montagne. Xiao Dong s’énerve et refuse de me suivre puisqu’ “il n’y a pas d’autres accès” et que de toute façon “l’accès n’est pas autorisé”. Je continue donc seul la route et avant même d’arriver au temple, je découvre des paysages féériques ! Je descends la montagnes, traverses des routes en travaux, aidés cette fois par de très sympathiques ouvriers et arrive bientôt en vue de cette magnifique lamaserie où vivent plus de 1500 moines bouddhistes. C’est le plus grand monastère de la région ! Je n’aurais finalement pas perdu ma journée !
Nos chemins se séparent après quelques sueurs froides
Après une journée de pause, nous reprenons la route pour notre dernière journée de route ensemble. Il se dirige vers Lhassa alors que je vais à Chengdu (le Tibet est interdit aux étrangers). Nous descendons toute la journée sur près de 70km. Il fait froid en haut mais on étouffe arrivé en bas vers midi. On déjeune et en discutant avec des policiers Xiao s’aperçoit que les petites routes que je prévoyais de prendre sont “cassées” (encore !) et en cours de dynamitage et que la route principale passant par le nord est interdite car située sur le territoire tibétain. Il me propose de retourner sur mes pas à Lijiang et de prendre le train ou l’avion à partir de là. Il est fou !? Ne jamais revenir en arrière et encore moins prendre l’avion…On appelle un policier qui m’avait donné son numéro personnel en cas de besoin. Il me confirme que la route principale est interdite aux étrangers et que je dois obtenir une sorte de visa pour y accéder. Evidemment, je n’ai ni le temps, ni l’argent, ni l’envie de faire ces démarches.
Xiao cherche un commissariat pour se renseigner mais finalement je m’arrête à un hôtel pour demander du wifi et vérifier les informations sur les forums voyages et par chance, le réceptionniste parle assez bien anglais et connait bien la petite route que j’envisage de prendre. Il me confirme qu’elle est très mauvaise et que ça grimpe énormément mais pas de trace d’explosifs en revanche. Surement les policiers qui ont regardé trop de films américains… ont hébergé chez le réceptionniste qui lui-même loge chez des tibétains. La soirée est très enrichissante bien qu’un peu trop arrosé d’alcool à 58°c. Le réceptionniste travaille bénévolement à l’hôtel pour pouvoir écrire sa thèse sur le Tibet, les traditions locales et proposer des solutions de développements économiques pour la vallée. Il a également écrit une thèse sur la culture de la cigarette en Chine. Je l’avais évoqué dans mon précédent article, tous les hommes fument en Chine et d’après notre thésard la cigarette est l’un des principaux vecteurs de lien social. Et comme dit un proverbe chinois “on peut mourir pour ses amis”, peu importe si c’est à cause de l’excès de tabac !
Mauvaises pistes, grosses dénivelées et course contre la montre
On m’avait dit que la route n’était pas bonne mais en réalité il n’y pas de route mais une piste de pierres et de poussières sur laquelle ne circulent que quelques 4×4 et les camions nécessaire à la construction d’une future route. Je roule entre 5 et 7km/h et malgré tout j’ai peur de casser mon vélo. Je dois parfois m’arrêter car la route est bouchée par des tracteurs qui cassent la falaise pour élargir la route ou par des inondations causées par les canalisations percées. Malgré tous ses obstacles, je dois avancer le plus vite possible pour rejoindre Chengdu en 5 jours à 900 km de là.
La première nuit, je suis hébergé chez des paysans dans une maison traditionnelle tibétaine. Il fait jour dehors mais il n’y a qu’une toute petite fenêtre dans la pièce principale et il fait totalement noir. Le paysan semble habitué mais j’avance à tâtons jusqu’au siège que le paysan semble m’indiquer. Il m’offre une bière et sort d’une boite à secret 3 cailloux protégés dans un tissu de soie. Cela semble être son plus grand trésor : 3 cailloux de formes assez banales pourtant… Le lendemain, debout à 5h15. La nuit n’a pas été très longue et il fait encore nuit mais au moins je vais pouvoir faire des kilomètres dans la journée. A 6h15 je suis en selle et m’engage dans un “raccourci” qu’on m’avait dit de prendre pour économiser des dénivelées et 10km. Je cherche encore la route qu’on m’avait promise. Je n’ai trouvé qu’une piste de grosses pierres sur lesquelles il est difficile de rouler et impossible de dépasser 6km/h. Comme il y a du bon dans toute chose, les gens que l’on croisait étaient extraordinaires. Toutes les personnes croisées m’ont proposées de m’arrêter pour manger et boire le thé local à base de beurre et de lait. Si bien que malgré la difficulté de la route j’étais plein d’énergie et que j’ai même dû décliner des invitations à déjeuner !
Après deux jours de route, je finis enfin par rejoindre des routes goudronnées, en très mauvais état mais principalement goudronnées. Je peux avancer un peu plus vite, pas longtemps car je commence rapidement à attaquer des montées très raide jusqu’à 4200m… Interminable… Une ambulance me prend en sur les 15 derniers km de la première montagne avant de redescendre de quelques centaines de mètres de l’autre côté. Je dîne dans le village où m’a déposée l’ambulance et compte continuer à rouler encore quelques km. Un homme en moto m’offre mon diner et me propose de passer la nuit chez lui à 52km de l’autre côté de la montagne. Je ne suis pas très enthousiaste mais me laisse tenter puisque ces 52km avec plus de 2000m de grimpette au sommet de 4200m me permet d’économiser au moins 6 heures de vélo. Finalement il me monte au sommet mais n’a pas le temps d’attendre que je descendre la montagne et me souhaite bon courage pour la suite. La descente est longue et il fait bien nuit. J’aperçois une plateforme et saisi l’occasion pour planter ma tente, entouré de mantras.
Je reprends la route le lendemain mais m’aperçois que mes roues ont soufferts des mauvaises routes des derniers jours et en particulier de la cascade tractée par la moto. Après avoir descendu une grande partie de mes 4200m le matin, je réattaque une montagne. Je ne la pensais pas très haute et imaginais atteindre le sommet dans la journée mais en réalité le sommet est à 4700m… ! Heureusement un 4×4 a eu pitié de moi alors que la nuit tombait et que la pluie commençait à bien mouiller. J’ai chargé mon vélo sur la plateforme arrière et ai pris place dans le pick up… J’ai gardé mon casque et ai eu bien raison car la route était encore mauvaise et sans ceinture ma tête semblait jouer au bélier contre le plafond. Par chance, ils ont prévu d’aller jusqu’à Chengdu le lendemain matin. Je dors donc dans le pick-up pendant qu’ils vont à l’hôtel et nous partons le lendemain pour 15 heures de voitures à travers une mauvaise route très dangereuse parsemée de cadavres de voitures et de camions pas encore dégagés. Nous avons évité pas moins de 3 accidents…
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