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Récit de voyage de Camille Bouton.
Le mois dernier, nous avons fait le pari fou de rejoindre les îles Fidji depuis la Nouvelle-Zélande en voilier. C’était une expérience inconnue, des sensations nouvelles et 8 jours de traversée au milieu de l’océan.
Une rencontre
Nous avons rencontré Richard, le capitaine du bateau sur un quai du port d’Opua, dans le nord de la Nouvelle-Zélande. Un sourire, un regard, une question « Are you sailing a boat ? » et nous voilà lancés vers l’inconnu. Je me souviens encore de la fierté qui se dégageait de sa réponse : « Oh yes, definitely, I am sailing a boat ! ».
Après une rapide présentation de nos compétences et expériences respectives à bord d’un bateau (pratiquement inexistantes), nous sommes embauchés ! Je serais la chef cuistot et Augustin… on ne sait pas trop, on verra bien !
Nous embarquons sur le Southern Cross 1 jour avant le départ, équipés de nos pilules pour le mal de mer et nos 10 plats congelés cuisinés quelques jours avant. Je n’avais pas vraiment saisi l’importance des plats pré-cuisinés sur un bateau et je peux vous dire que j’ai vite compris : cuisiner sur un bateau au milieu de l’océan prend 3 fois plus de temps que sur la terre ferme.
Le départ
Rich et Phill sont les deux capitaines du bateau. Tous deux Américains, je suis surprise par leur simplicité et leur gentillesse. Ils le savent, nous ne connaissons rien sur la navigation, ils sont simplement heureux de pouvoir nous faire partager leurs connaissances.
Nous quittons le port d’Opua le 16 mai à bord du Southern Cross. Le courant est très fort, nous sommes tous les 4 sur le pont pour prévenir des chocs du bateau lors de la sortie du port. Une fois les manœuvres effectuées, Rich nous lance « It was the hardest part of the journey, now it is gonna be easy! ».
La côte s’éloigne, elle devient si petite, je n’aperçois plus rien à l’horizon… Je suis excitée, je suis stressée, tout devient si concret, on ne peut plus reculer, on est partis !
Des sensations nouvelles
Le vent qui souffle dans mes cheveux et le bruit des vagues composent une mélodie si paisible, si parfaite. Bientôt, le bruit du moteur viendra bercer nos nuits, car le vent a décidé de nous laisser. Les journées sur le bateau se ressemblent. Nous parcourons des centaines de kilomètres sans même nous en apercevoir, l’océan s’étend à perte de vue, nous avons perdu tous nos repères. Nous sommes coupés du monde : nous avons la possibilité d’envoyer un e-mail par jour. Pas d’accès à internet, pas de Facebook, pas d’Instagram seulement l’océan et le Yukulele de Richard qui chante si bien. C’est une sensation bizarre, mais finalement tellement agréable ! J’ai appris à apprécier l’instant.
Nous avons aussi remarqué ce rythme inhabituel que nous avons pris sur le bateau : nous avions toujours envie de dormir, même après une nuit de 9 heures de sommeil ! Cette fatigue est sûrement due aux mouvements constants du bateau, des muscles encore inconnus se contractent toute la journée pour pallier les déséquilibres. Tout devient sportif. Les choses les plus simples deviennent beaucoup plus compliquées sur un bateau, à commencer par la douche.
La nuit, nous établissons un roulement toutes les 3 heures pour surveiller le trafic. Je suis assignée au 6h-9h, selon moi le meilleur créneau. Tous les matins, le soleil me fait son spectacle. Parfois caché derrière les nuages, timide, d’autres fois rosé orangé.
En cuisine !
N’oublions pas le principal, nous avons été pendant tout le trajet assignés à la cuisine. Nous avions prévu des proportions assez importantes de nourritures sachant que nous avions 3 hommes à bord, dont deux Américains, et ayant en perspective que si on s’échouait sur une île perdue dans le Pacifique, on devait avoir de quoi manger pendant quelques jours.
Aussi, personne ne niera le cliché : les américains sont des gros mangeurs et ils mangent n’importe quoi. Cependant, je me suis rapidement rendu compte que ce n’était pas le cas. Oups, j’ai peut-être un peu trop prévu…
Bref, cuisiner dans un bateau c’est très sportif ! Même pour un simple sandwich, c’est difficile. Une grosse vague et hop, le pain par terre, le paquet de jambon retourné et de la mayonnaise de partout ! Il faut être très patient, parce que ce n’est vraiment pas simple. Il faut apprendre à faire les choses doucement, garder ces appuis et tout cela avec un mal de mer qui te titille l’estomac depuis quelques jours. L’expérience est intéressante, il faut le faire pour comprendre !
Une petite frayeur ?
Être seule au milieu de l’océan, c’est aussi se sentir très vulnérable. On se sent tout petit au milieu de cette immensité et de l’océan qui se déchaine. Les capitaines du bateau (Rich &Phil) étaient intransigeants en termes de sécurité.
Nous devions porter des harnais de sécurité à chaque fois que nous allions sur le pont du bateau. Au milieu de l’océan, si tu passes par-dessus bord, les chances de te retrouver sont minimes car les creux des vagues sont tellement profonds qu’en quelques secondes on te perd de vue.
Alors pas de plaisanterie !
La fin du voyage fut notre seul petit coup de stress. Sur notre dernier jour en arrivant au Fidji, nous avions stabilisé les voiles pour ralentir la cadence et arriver de jour vers le port d’arrivée « Vuda Point ». La mer était très agitée ce jour-là. Augustin et moi étions à l’intérieur du bateau pour laisser à Rich et Phill tout l’espace dont ils avaient besoin pour régler les voiles.
D’un seul coup, nous avons entendu la voile tourner, le bateau se pencher violemment et vu l’eau rentrer de tous les côtés. « Ça y est nous sommes en train de couler ! », j’ai pensé. J’ai tout de suite reporté ce que j’avais vu aux deux capitaines qui m’ont répondu calmement « It is just water » ! Rich et Phil sont les personnes les plus calmes que j’ai jamais rencontrées et c’est tellement agréable !
Finalement cette expérience c’est comme une impression d’une vie mise en pause.
Merci, merci et merci à Rich et Phil pour tout et si vous souhaitez suivre leurs aventures c’est par ici.
Merci au Southern Cross.
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