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Louis et Margot sont des voyageurs et aventuriers qui sillonnent les routes du monde à deux depuis plus de huit ans, avec une cinquantaine de pays parcourus en sac à dos, à la marche, en van, à moto, en train, en bus et surtout en auto-stop, leur moyen de transport de prédilection !
Amoureux de voyages et de rencontres humaines, ils réalisent depuis septembre 2020 un projet fou : un tour du monde exclusivement en stop. Grâce à plus de 1170 conducteurs et capitaines jusqu’à présent, ils ont parcouru plus de 60.000 kilomètres en stop à travers l’Afrique, le Moyen-Orient puis l’Asie centrale. Les pouces levés, ils se dirigent désormais vers l’Océanie puis les Amériques. Leur péché mignon: partir à la découverte de pays souvent méconnus, comme l’Irak, l’Iran, le Soudan, le Tadjikistan, le Pakistan ou encore l’Arabie saoudite.
I. Pourquoi avons-nous intégré l’Arabie saoudite en auto stop à notre tour du monde ?
L’Arabie saoudite, un pays “en plein boum” et clairement hors des sentiers battus
Mais pourquoi partir en Arabie saoudite en auto stop? », « Pourquoi avez-vous choisi ce pays ? », « Et la police des mœurs? N’avez-vous pas peur? ». Voilà le genre de réactions que suscite, au premier abord, un voyage en Arabie saoudite. Pourtant, le royaume d’Arabie saoudite ne manque pas d’attraits et a de quoi susciter l’intérêt de tout voyageur en quête d’aventure.
Cet immense pays, qui inclut la majeure partie de la péninsule arabique, est le plus grand pays du Moyen-Orient, et le second du monde arabe après l’Algérie. Berceau de l’Islam, le royaume abrite deux des sites les plus sacrés de cette religion, La Mecque et Médine, ce qui en fait le pays le plus vénéré du monde musulman.
Bien-sûr, et nous n’allons pas le cacher, l‘Arabie saoudite a également beaucoup fait parler d’elle pour son récent passé avec sa communauté ultra conservatrice, sa police des mœurs (la muttawa), ses exécutions publiques, et sa tendance assez récurrente à bafouer les droits de l’homme. S’il est certain que, en matière de libertés fondamentales, un énorme travail reste à faire, nous avons toutefois constaté lors de notre voyage que d’importants changements ont été récemment entrepris, et que le pays est en pleine mutation.
Aujourd’hui, la société ultra conservatrice du pays est clairement mise à l’écart par le prince héritier, Mohammed ben Salman (appelé « MBS »), qui se présente lui même comme le champion d’un « Islam modéré, tolérant et ouvert sur les autres religions »
Ce dernier est d’ailleurs soutenu par la jeunesse saoudienne que la presse décrit comme ultra-connectée (et donc particulièrement ouverte sur le monde qui l’entoure), et qui représente plus de 70% de la population du pays. Depuis qu’il est devenu héritier, MBS a en effet lancé de nombreuses réformes pour corriger l’image très austère du pays.
L’Arabie saoudite s’est ouverte aux divertissements avec l’apparition de salles de cinéma. Le droit des femmes y est également en pleine évolution.
- Celles-ci sont désormais autorisées à conduire, ne sont plus obligées de porter le voile et n’ont plus besoin de l’autorisation préalable d’un tuteur masculin
pour pouvoir s’installer seules dans le lieu de leur choix. - Elles sont de plus en plus visibles dans la rue, en voiture, dans les magasins, les centres commerciaux et les cafés qui prolifèrent, ou encore sur les lieux de travail.
Étonnement, nous avons croisé et discuté avec bien plus de femmes (seules ou accompagnées) en Arabie saoudite qu’au sultanat d’Oman, qui pourtant jouit d’une meilleure réputation auprès des pays occidentaux ! Certains sceptiques vous diront que ces changements ne sont que de la poudre de perlimpinpin… De notre point de vue, partagé par nos chers amis Saoudiens, ces changements sont bien réels et visibles. Il n’y a qu’à se rendre en Arabie saoudite pour les constater ! Et ça tombe bien, puisque le pays a ouvert le 27 septembre 2019 ses frontières au tourisme, alors qu’auparavant il ne délivrait de visas qu’aux pèlerins et expatriés.
Tu comprends alors pourquoi, lorsque nous avons eu vent de la récente ouverture au tourisme de ce pays qui bouge à vitesse grand V, nous avons été immédiatement tentés. Comment résister à la tentation de découvrir le plus grand pays du Moyen-Orient ? Notre tour du monde en auto-stop en a été l’occasion parfaite, l’Arabie saoudite se trouvant sur la péninsule arabique, une région que nous avons rejoint en bateau-stop en montant sur un ferry/cargo depuis l’Iran.
L’Arabie saoudite est accessible par la terre (nul besoin de prendre l’avion pour s’y rendre!)
L’un des nombreux avantages de l’Arabie saoudite est que ce pays est accessible par la terre. C’est une excellente chose pour les voyageurs de plus en plus nombreux qui souhaitent limiter (voire tout simplement exclure) les transports aériens, pour réduire leur empreinte carbone et ainsi agir, à leur échelle, en faveur du climat.
L’Arabie saoudite est ainsi accessible par la route depuis les Émirats arabes unis (deux poste-frontières existent entre ces deux pays), depuis le sultanat d’Oman (un poste-frontière a récemment ouvert entre ces deux pays), depuis la Jordanie ou encore depuis le Koweït. À ce jour, la frontière terrestre entre l’Irak et l’Arabie saoudite reste fermée.
En ce qui nous concerne, après avoir rejoint Dubaï en bateau-stop depuis l’Iran, il nous a fallu plusieurs jours d’auto-stop aux Émirats arabes unis pour atteindre la frontière saoudienne.
Nous en avons profité pour visiter plusieurs Émirats sur notre route (comme Dubaï ou encore Abou Dabi, avec un crochet de quelques jours à Fujaïrah).
Le poste-frontière saoudien « Al Batha » se trouve à 140 kilomètres d’Al Ruwais, dernière ville des Emirats sur la route de l’Arabie saoudite. Pour quitter le royaume, nous avons emprunté la nouvelle route qui relie l’Arabie saoudite au sultanat d’Oman.
Ce fut un sacré périple et l’un des trajets d’auto-stop les plus éprouvants de notre voyage : 1070 km au milieu du désert sur une route nouvelle donc peu empruntée. Heureusement, nous en gardons d’excellents souvenirs grâce aux chaleureux conducteurs qui nous ont pris en stop, comme Bahar, le chauffeur routier Afghan qui nous a présenté à sa famille en FaceTime depuis Kaboul, Saeed le Qatari qui transportait des faucons dans son 4×4 flamboyant (car oui, la chasse au faucon est un véritable sport national au Qatar!), Saoud l’adorable Saoudien qui nous a ouvert les portes de sa maison pour la nuit, ou encore Mohammed Hamoud et Saoud, les trois Omanais avec qui nous avons joyeusement célébré notre arrivée à Oman.
Le visa pour l’Arabie saoudite s’obtient en un rien de temps
Pour voyager en Arabie Saoudite, il est obligatoire d’obtenir un visa. Le pays a mis en place, pour les ressortissants de 49 pays (dont la France) un système de visa touristique en ligne très facile à obtenir. Cet e-visa est plutôt cher (130 euros par personne). Le visa à entrée unique permet de séjourner un mois en Arabie saoudite, tandis que le visa à entrées multiples permet de séjourner sur place jusqu’à trois mois. Nous avons obtenu notre visa électronique seulement cinq minutes après avoir rempli le formulaire en ligne.
II. Notre itinéraire et notre budget pour un mois en Arabie saoudite en auto stop
Le détail de notre itinéraire
Le mode de voyage que l’on aime est un voyage peu préparé, sans itinéraire précis, de façon à pouvoir l’adapter au gré de nos envies et de nos rencontres. Dans tous les cas, un voyage en auto-stop demande de la flexibilité et du temps pour laisser place aux surprises. Et nous n’avons pas changé nos bonnes habitudes pour l’Arabie saoudite.
Concrètement, après avoir franchi la frontière saoudienne, nous avons rejoint pour quelques jours un vieil ami Saoudien à Riyadh, la capitale. Depuis celle-ci, nous avons levé nos pouces sans véritable destination. Du moins, nous pensions rejoindre Djeddah pour ensuite aviser entre : soit le nord du pays et sa région désertique (avec Al-‘Ula où se trouvent les vestiges de la cité nabatéenne Madain Saleh classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ou encore des villes côtières dont Duba), soit le sud avec sa région montagneuse de l’Asir, une région frontalière du Yémen très peu touristique. L’auto-stop a décidé pour nous…
Nous avons été pris en stop par le généreux Mohammed, qui nous a conduit 1000km plus loin, dans la province de Jizan qui se trouve tout au sud du pays. Ayant eu notre dose de déserts les mois précédents entre le Soudan, l’Égypte, l’Iran ou encore la Jordanie, cette destination nous allait parfaitement !
Pendant plusieurs semaines, nous sommes donc partis en stop à la découverte des villes et villages des fascinantes régions de Jizan et de l’Asir (avec un crochet dans les montagnes Fifa à la frontière du Yémen), puis nous avons rejoint la région de la Mecque où se trouve la jolie ville de Djeddah. Nous ne nous sommes pas rendus sur les sites religieux de La Mecque ou de Médine, leurs accès étant interdits (ou du moins non conseillés) aux non-musulmans.
Nos coups de cœur
Jizan, appelée « la perle du sud »
Avec son architecture chaotique, ses maisons de marchands, son street-art inattendu et sa chaleur étouffante, cette ville a parfois des airs de Khartoum, la capitale du Soudan. Ses habitants, un mélange de Saoudiens, de Yéménites, d’Érythréens et de Soudanais, sont incroyablement accueillants !
Les villages de la région de l’Asir
Nous avons beaucoup aimé le village Habeel et son immense marché au miel, ainsi que le splendide village Rijal Almaa, intact de 350 ans et inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Dans cette région, les maisons qui atteignent parfois sept étages sont construites avec de la roche locale et sont incrustées de quartz blanc. Les murs externes des maisons sont épais. Les balcons sont construits avec le bois des environs. Des tours de surveillance ont été bâties autour de la ville. Les habitants parlent ici le dialecte de Rijal Almaa connu de 100.000 personnes en Arabie saoudite.
Le village de Rijal Almaa étant assez touristique, nous te recommandons de faire du stop jusqu’à d’autres villages aux alentours (comme les villages Al Soudah, Al Ous, Tabab et Alogl) où l’architecture est tout aussi incroyable. Avec un peu de chance, tu seras invité à entrer dans l’une de ces maisons où figure l’Al-Qatt Al-Asiri, une décoration murale traditionnelle exécutée par les femmes, une forme d’art ancestrale reconnue comme un élément clé de l’identité de la région de l’Asir.
Les montagnes Fifa
Nous avons été pris en stop par une bande de trois jeunes Saoudiens, Awad, Sam et Mohammed, qui nous ont embarqué pour une petite virée à travers les superbes montagnes de Fifa, au bord de la frontière Yéménite.
Nous avons été émerveillés par les paysages et amusés par les centaines de gros singes autour de nous. La route sinueuse que nous avons empruntée était entourée de forêts, pâturages et villages construits à flanc de colline.
Al Bahah et le village Dhee Ayn
Nous avons aimé Al Bahah et son souk animé. La ville est entourée d’abricotiers, de grenadiers, de forêts luxuriantes et de vallées peuplées de babouins. Pas très loin, tu trouveras le village de Dhee Ayn. La route en lacets qui mène à ce village vieux de 400 ans est impressionnante. Grâce au stop, nous avons eu la chance de rencontrer Khaled, qui nous a fait visiter ce village où ses ancêtres ont vécu. Dhee Ayn est constitué de bâtiments cuboïdes de pierre et d’ardoise très anciens, et est entouré de bananeraies, de palmiers et de plantes indigènes. Cette végétation pousse grâce à la source qui coule au pied de la colline, d’où le nom de Dhee Ayn signifiant « de la source ».
Djeddah
Le centre historique de Djeddah, Al-Balad, regorge d’allées étroites, de maisons de marchands en pierre de corail, de souks sentant les épices, d’ateliers d’ébénisterie et de boutiques artisanales. Capitale cosmopolite du pays, nous y avons croisé de nombreux immigrés soudanais ainsi que, pour la première fois, quelques touristes.
Notre budget
De manière générale, voyager dans les pays de la péninsule arabique coûte plutôt cher. Et l’Arabie saoudite n’y fait pas exception.
Mais rassure-toi, il est tout de même possible de voyager au royaume d’Arabie saoudite en auto stop en respectant un petit budget journalier de 10 euros par personne, comme nous l’avons fait. Pour ce faire, nous avons quasiment chaque soir dormi chez l’habitant (des personnes rencontrées grâce à l’auto-stop ou encore via l’application couchsurfing). L’hospitalité des Saoudiens est si forte que, en un mois de voyage, nous n’avons pas eu besoin de sortir notre tente du sac! Pour nous nourrir, nous avons chaque jour rejoint les petites cantines indiennes et pakistanaises, où nous avons mangé d’excellents plats pour moins de deux euros. Enfin, en pratiquant l’auto-stop, nous n’avons fait aucune dépense pour nous déplacer.
Découvrez la suite de l’aventure en Arabie Saoudite en auto stop dans la partie 2 de cet article ! 😉
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