Partie 2 : L’Arabie Saoudite en auto stop

III. L’auto-stop, le meilleur moyen de partir à la rencontre de la population saoudienne

Comme tu le sais, notre challenge est de nous déplacer exclusivement en auto-stop dans l’ensemble des pays de notre tour du monde. Pourquoi voyager en auto-stop? Pour un tas de bonnes raisons. Et ceux qui pensent que le stop n’est qu’un moyen de transport gratuit n’ont alors rien compris!

L’auto-stop c’est avant tout le meilleur moyen de faire des rencontres, une sorte d’école de la vie te permettant de connaître davantage la culture d’un pays en discutant avec ses habitants issus de classes sociales parfois très différentes. L’aspect humain de l’auto-stop est ainsi essentiel. En Arabie saoudite, l’auto-stop nous a par exemple permis de rencontrer des expatriés Pakistanais, Bengalis, Égyptiens, Syriens et Palestiniens, des voyageurs Qataris, mais surtout des Saoudiens de tribus et de professions totalement variées (des fermiers, des riches banquiers, des médecins et avocats, des apiculteurs, des militaires, des policiers, des étudiants, des imams, des professeurs…). Toutes ces personnes, qui nous ont livré leurs points de vue et quelques confidences, nous ont permis de connaître et de comprendre la culture saoudienne.

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Ensuite, l’auto-stop est une sorte d’aventure dans le voyage.
Chaque trajet est une nouvelle occasion de rencontres inoubliables et de surprises telles qu’une invitation à déjeuner, un détour pour te faire découvrir un endroit insolite, mais encore une invitation à rejoindre le domicile de ton conducteur pour la nuit ou même pour quelques jours, et ainsi y rencontrer sa famille et ses amis. En bref, l’auto-stop te pousse à voyager lentement et de façon totalement improvisée, ce qui rend l’aventure particulièrement excitante !
Par exemple, pendant notre périple en Arabie saoudite, nous avons été pris en stop par Abdullah et avons fini dans sa maison de campagne autour d’un bon barbecue (accompagné de quelques verres de gin à l’hibiscus) avant de rejoindre sa demeure familiale dans la ville d’Abha pour y passer la nuit.
Dans la région de Jizzan, nous avons dormi dans la caravane de Mohammed, un fermier qui nous avait pris en stop depuis Riyadh et avec qui nous avons traversé plus de 1000km de route désertique. L’auto-stop nous a encore mené à Ahmed, un avocat bien trop fun qui, après nous avoir pris en stop, a décidé de nous emmener dans des villages isolés pour nous faire découvrir l’artisanat local et nous faire déguster les spécialités du pays.

Enfin, l’auto-stop est un mode de transport 100% écologique !

Avant de nous rendre en Arabie saoudite, nous avons tenté de trouver sur internet quelques informations sur l’auto-stop dans ce pays. En vain… L’Arabie saoudite ne s’étant que très récemment ouverte au tourisme, l’auto-stop est ici une grande première ! Après avoir sillonné le pays les pouces levés, nous pouvons désormais te rassurer : l’Arabie saoudite a été l’un des pays les plus faciles à parcourir en auto-stop !
Et finalement, ça n’est pas plus étonnant que cela. Le tourisme y est encore rare et les Saoudiens sont très heureux de rencontrer des voyageurs indépendants dans leur pays !

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S’agissant de la question du signe pour arrêter les voitures, il n’y a pas de véritable réponse. Nous avons utilisé des pancartes (en marquant notre ville de destination sur un carton) lorsque nous étions certains que la ville était connue de tous, et avons agité nos mains de haut en bas lorsque nous vagabondions de villages en villages, sans destination précise.
Le pouce en l’air n’est en effet pas toujours compris. Enfin, nous avons quelques fois utilisé une pancarte « world tour » pour montrer aux conducteurs que nous sommes des voyageurs du monde.

En ce qui concerne l’emplacement pour faire du stop, nous avons marché jusqu’à la sortie des villes et villages où se trouvent généralement une station service et des kiosques à café (café drive) dont les Saoudiens raffolent. Dans ces endroits, nous étions parfaitement visibles et les voitures circulaient lentement. Avec un beau sourire, nous n’attendions pas plus de 10 minutes avant d’être pris en stop (avec souvent, en prime, un café glacé offert par nos généreux conducteurs).

D’une manière générale, lorsqu’une voiture s’arrête, nous discutons toujours un minimum avec son conducteur avant de monter dans sa voiture, et nous lui montrons une note dans notre téléphone, préparée à l’avance en langue locale et expliquant notre projet de tour du monde en stop. Cette note nous a bien aidé en Arabie saoudite où, comme indiqué plus haut, l’auto-stop reste totalement inconnu (bien que de plus en plus de jeunes Saoudiens connaissent le terme « hitchhiking » grâce à l’internet et les réseaux sociaux).

Pour éviter les malentendus, nous avons toujours précisé aux conducteurs, avant de monter dans leurs voitures, que nous ne payons pas pour le transport.
En effet, il peut arriver que le conducteur soit en réalité un taxi improvisé et souhaite une contrepartie financière (et dans ce cas, encore un peu de patience sur le bord de route, la prochaine voiture sera la bonne !). Enfin, pour se faire comprendre ou pour simplement discuter avec nos conducteurs, nous avons de nombreuses fois utilisé l’application Google traduction qui fonctionne parfaitement de l’anglais ou du français à l’arabe.

En matière de sécurité, l’Arabie saoudite est un pays très sûr. Nous ne nous y sommes jamais sentis en insécurité. L’auto-stop dans ce pays ne requiert selon nous pas plus de précautions qu’ailleurs. Toutefois, nous ne recommandons pas forcément à une femme voyageant seule de faire du stop dans des villages reculés d’Arabie saoudite.
Il ne faut pas oublier que, en dehors des grosses villes, les Saoudiens n’ont que très peu (voire pas du tout) de contact avec des Saoudiennes en dehors de leur cercle familial, et que faire monter une femme étrangère seule dans leurs voitures pourrait être très mal interprété par les proches et la communauté de manière générale.

Enfin, pour une bonne journée d’auto-stop en Arabie saoudite, il faut nécessairement embarquer dans son sac plusieurs litres d’eau, de la crème solaire, porter un chapeau (les coins d’ombre étant rares) et, le plus important, montrer son plus beau sourire !

IV. Nos conseils pour ta prochaine aventure en Arabie saoudite qui, on l’espère, se fera les pouces levés!

L’Islam sunnite est la religion d’Etat, et le droit saoudien est officiellement fondé sur la Charia. En pratique, qu’est-ce que cela signifie? Tout simplement que l’Islam fait partie intégrante de la vie des Saoudiens. On te recommande donc, avant tout départ au royaume, de t’informer un minimum sur cette religion.
Par exemple, il sera toujours apprécié de connaître les cinq piliers de l’islam qui sont : la profession de foi (chahada) ; la prière (salat) effectuée cinq fois par jour en récitant des versets du Coran, l’aumône (zakat) ou le don d’argent ou de nourriture aux moins fortunés, le jeûne (saoum) suivi une fois par an pendant le mois du Ramadan, ainsi que le pèlerinage à La Mecque (hajj).

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La culture saoudienne étant imprégnée de la religion musulmane, la société a des codes et valeurs auxquels tu devras forcément t’adapter (car il revient aux voyageurs de s’adapter à la culture du pays dans lequel ils voyagent, et non l’inverse!). Tu devras notamment porter une tenue vestimentaire adaptée, en évitant les shorts et débardeurs pour les hommes, ainsi que les jupes courtes, les shorts, les vêtements moulants et les décolletés pour les femmes.
En ce qui concerne le port du voile, la législation du royaume d’Arabie saoudite n’est pas aussi contraignante que celle de la République Islamique d’Iran.

Le port du hijab (voile qui couvre les cheveux) n’est plus obligatoire. Il n’est d’ailleurs plus rare de croiser des saoudiennes cheveux au vent à la capitale ou encore à Djeddah.
Néanmoins, la plupart des femmes que tu rencontreras dans le pays porteront un hijab.
Dans les villages, une majorité de femmes porte d’ailleurs le niqab (voile intégral noir).

Pour faciliter les échanges avec les locaux et éviter de subir la foudre du regard de certaines personnes, nous conseillons aux femmes de porter un petit hijab dans la campagne saoudienne. Enfin, si tu voyages en couple, il est préférable de dire à tes interlocuteurs, pour ne pas les choquer ou heurter leurs sensibilités, que tu es marié(e) à ton partenaire (même si, désormais, il est tout à fait possible pour des couples étrangers non mariés de louer des chambres d’hôtels).

Pour approfondir tes connaissances à ce sujet, nous te conseillons la lecture de ce livre que nous avons trouvé aussi clair que passionnant : « l’Arabie saoudite en 100 questions » de Fatiha Dazi-Héni (Éditions Tallandier, actualisée en 2020).

Au cours de ton voyage en Arabie saoudite, tu te rendras rapidement compte que l’ensemble des magasins et restaurants (y compris les chaînes internationales comme Starbucks) ferment au moment de la prière. Tu te retrouveras très certainement au moins une fois dans la rue à poireauter en attendant leur réouverture (qui parfois prend du temps…).
Mais, disons-le, ça fait partie de l’aventure saoudienne ! Évidemment, l’alcool, le porc et les drogues sont formellement interdits dans le pays (même si, dans les faits, tu pourras rencontrer des Saoudiens qui consomment du bon vin français, de la bière et des cocktails, et que tu seras même peut-être invité à boire des coups avec des Saoudiens en tenue traditionnelle, comme nous en avons fait la chouette expérience !)

L’arabe est la langue officielle du pays. Si tu apprends quelques mots dans leur langue, les Saoudiens apprécieront l’effort. Les échanges dans la vie courante, tout comme la négociation dans les souqs, en seront facilités. Puis cela ne sera jamais perdu, l’arabe étant la cinquième langue la plus parlée au monde. Au cours des présentations avec un Saoudien, il y a de grande chance pour que celui-ci te précise le nom de sa tribu, et t’interroge sur le nom de la tienne. Tu pourras alors simplement lui répondre qu’en France nous n’avons pas de tribus et lui indiquer ton nom de famille. En effet, la péninsule arabique a toujours fonctionné en un ensemble de clans, de tribus répartis sur tout le territoire, et ce depuis l’antiquité. Bien que le gouvernement tente depuis plusieurs années de créer un nationalisme purement saoudien, c’est à dire une identité unique et indivisible, il n’en demeure pas moins que les tribus continuent de jouer un rôle important dans les rapports entre individus : par exemple, l’un de nos conducteurs a pu échapper à une amende lors d’un contrôle de police, l’officier de police étant membre de la même tribu que celle de notre conducteur.

N’oublie pas que l’Arabie Saoudite est une destination à forte température. Nous te conseillons donc de t’y rendre entre décembre et février, lorsque les températures sont plus douces. Bien entendu, un voyage sur la péninsule arabique reste tout de même envisageable durant l’été, à condition de ne pas avoir peur de faire du stop à 5h du matin pour ne pas fondre sous une chaleur écrasante. Nous en avons fait l’expérience au Soudan, en Egypte ou encore en Jordanie, et nous avons survécu !

Enfin et surtout, notre plus précieux conseil est de te laisser guider par ces amours de Saoudiens que tu rencontreras grâce au stop, dans la rue ou même dans un supermarché.
Ils t’emmèneront pour la plupart faire un tour pour te montrer quelques merveilleux paysages. Certains t’inviteront même à dévorer un délicieux Kebsa, le plat national, ou encore à dormir chez eux. Alors, nul besoin de prévoir un itinéraire précis ! Ton programme s’adaptera naturellement au fil de tes rencontres. Car finalement, la plus grande richesse de
l’Arabie saoudite réside bien dans le cœur des Saoudiens.