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Notre partenaire Weird Kid Travel connait bien l’Afrique, et notamment le Bénin ! Elle nous parle aujourd’hui d’Abomey, et notamment des palais royaux qui sont inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Abomey est une commune du sud de la République du Bénin, située à 145 km de Cotonou (capitale économique du Bénin). Fondée au XVIIᵉ siècle par le roi Houégbadja c’est la capitale historique de l’ancien Dahomey de 1625 à 1894.
À des milliers de kilomètres de la fleur de lys française et de sa dynastie, le quartier latin de l’Afrique de l’Ouest fascine les voyageurs. Sa royauté, construite sur une société de la méritocratie, est édifiante de mystères. Le royaume du Dahomey, est un des rares univers féodal d’Afrique, qui outre l’exotisme est riche de pratiques spirituelles. Les Aboméens, ou plutôt les fils du roi, respectent toujours l’intrigante histoire de la cité, autrefois conquérante et puissante. Les effluves d’histoire qui s’en échappent, sont égales à l’ingéniosité de cette civilisation.
Riche d’un artisanat précieux, le Dahomey est le bijou secret de l’Afrique. Chaque roi était représenté par un dessin d’animal, décrivant ses exploits déclinés sur tentures et habits. Car tout dans ce royaume doit refléter la beauté et la puissance de la dynastie. Une civilisation dont la finesse plaçait déjà l’art dahoméen au cœur de la politique.
Abomey ou la cité des rois
Les visiteurs les plus exigeants seront surpris par cette dynastie africaine qui s’étend de 1625 à 1900. Le roi était particulièrement attentif à son image, qu’il plaçait au centre de la création. Ici, on ne fait pas de portraits grandiloquents, mais des iconographies représentant la puissance du roi pour impressionner ses ennemis. On découvre dès l’entrée du palais royal d’Abomey et sa cour des visiteurs, le rythme de la vie quotidienne de la dynastie.
Sur les palais qui se juxtaposent en poupées gigognes, on trouve les illustrations du buffle évoquant le roi Gezo, le lion son fils Glélé et si l’on distingue un étrange requin, c’est qu’il incarne la puissance de Béhanzin, fier combattant de la domination coloniale. Un rappel secret à cette lignée royale issue de l’accouplement d’une panthère et d’une princesse…Les histoires merveilleuses se succèdent et la cité paisible et animée par le Vaudou, revit petit à petit, les instants de la monarchie dahoméenne. Grâce aux habitations ornées, les anachronismes s’effacent au profit d’un véritable voyage temporel. Tout comme la statue du roi Béhanzin, stoppant à l’entrée de la ville, les arrivants à l’instar, autrefois, des colons. Ces attributs disséminés jusqu’aux plus rurales pistes de terre rouge, chassent l’oubli.
Un talent particulier
Après la visite du palais, on retrouve ces armoiries royales, dans toute la ville. Lors du parcours, qu’il sera préférable d’effectuer avec Isaac (guide officiel du musée), vous trouverez dans chaque recoin, un sens à cette société. En effet, le talent n’est pas l’apanage de tous et l’importance de l’emblème est égale à la position de leur créateur.
À quelques pas de la résidence royale, Michel Julien Yemadje, enseignant de 63 ans à la retraite, coud, découpe ou dessine, dans l’ombre de son humble maison. Il ouvre volontiers sa porte aux curieux, « depuis qu’il peut tenir une aiguille dans sa main », comme il le souligne en riant. Cet artiste de cour est de la quatrième génération de couturiers du roi. Chaque artisan de cette lignée confectionnait les habits, allant des toges aux parasols en passant par les chapeaux ronds et les chaussures « Sabata », car seul le roi était autorisé à se chausser. L’ancêtre de Julien Yemadje vivait à Tindji, près de Bohicon. Lors d’une promenade, le roi s’enthousiasma pour son talent remarquable et lui offrit une dote pour qu’il vienne travailler pour lui. Il tissait selon la volonté et le récit de celui-ci qu’il interprétait ensuite en couleurs et tissus. Éloquentes par leurs illustrations en polychromie vives et délicates, la particularité des Yemadjé réside dans le choix de la toile de fond noire et la subtilité du point, permettant une précision du détail. Des toiles que l’on retrouve à la fin de la visite du palais royal, retraçant la dynastie d’Abomey de ses vives couleurs et symboles spirituels.
Quand l’artisan devient artiste
Si la société Dahoméenne est si étonnante, c’est qu’elle eut l’audace de faire de sa puissance guerrière un bijou artistique. Pour confectionner des toiles appliquées, auparavant faites en rafia, il fallait découper des patrons et les tissus appliqués pour ensuite faire du faufilé sur la toile de fond. Coudre les bords puis faire du point tige ou chainette donnait un résultat délicat. C’est depuis le roi Agadja (1711-1740) puis Agonglo (1789-1797), qui le premier captura deux maîtres teinturiers dans la région d’Avrankou, au nord de Porto-Novo, que la tenture appliquée est reconnue comme un art au même titre que l’orfèvrerie ou la forge maîtrisée par la famille Hountondji. Tout roi doit s’entourer de lumières pour éblouir le présent autant que le futur. Comme Versailles, Abomey est un palais qui reflète la puissance du roi.
Le « miroir du roi » selon la tradition à Abomey
Cet art africain associe des œuvres à un artiste connu et reconnu qui, de ce fait exceptionnel, perpétue encore ce savoir-faire ancestral. Plus qu’un serviteur, l’ancêtre de J. Yemadjé était un « fils » du roi. Il avait la lourde tâche de tout faire pour plaire au roi, le rendre beau, le surprendre. Un rôle que le roi n’attribuait pas par hasard ! Ses sujets, choisis pour leur mérite, étaient honorés par la tâche qu’on leur confiait et leur créativité s’en faisait ressentir.
Les Yemadjé assistaient le roi pour l’essayage et portaient en premier les habits confectionnés afin que le roi puisse observer le résultat. L’artiste avait, de ce fait, accès à un moment particulièrement intime de la vie du roi. Le couturier était donc surnommé « Miroir du roi ».
Aussi puissants dans la représentation que dans l’acte guerrier, les rois du Dahomey ont creusé des fossés sur 10 km pour protéger les habitants. Une fosse bordée de hautes herbes et remplie d’animaux, cette fois parait-il, bien vivants ! Artiste exposé, Julien Yemadjé, couturier émérite, est une figure de ce témoignage historique qu’il transmet à sa fille et son petit-fils, selon leur appétence pour cet artisanat royal ! Découvrir Abomey c’est faire un voyage dans le temps où l’allégorique est roi !
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