Cuisine au Rwanda : nos bons plans pour manger local !

Le Rwanda, petit pays (culinairement) méconnu

En arrivant à Kigali, la capitale du Rwanda, je ne savais pas à quoi m’attendre. Les restaurants rwandais, ce n’est pas vraiment ce qui courent les rues en France. De la cuisine africaine, je ne connaissais que très vaguement la cuisine de l’Ouest africain avec le mafé (la sauce aux cacahuètes qui accompagne viande et poisson au Sénégal ou au Mali) ou l’injera (cette grande crêpe éthiopienne sur laquelle on va déposer différents accompagnements et dont on se sert comme de couverts). Autant dire que j’avais tout à apprendre.

Entre les déjeuners au restaurant le midi avec mes collègues de travail et les repas fait-maison le soir dans la famille chez laquelle je loge, je pense avoir eu une bonne vision de ce que peut-être la cuisine au Rwanda. En échangeant avec les Rwandais autour de moi, je me suis très vite rendu-compte que nous avions une approche très différente de la nourriture. Aussi bien que j’ai été particulièrement surprise par la ville de Kigali en elle-même, qui est à l’image du Rwanda un des pays les plus verts, propres et sécurisés de l’Afrique, j’ai été également étonnée par la nourriture rwandaise.

À quoi ressemble donc l’assiette rwandaise quotidienne ?

La première chose que j’ai remarqué ici lors des repas, c’est que les Rwandais aiment les assiettes bien remplies et composées de différentes préparations. Dans la cuisine au Rwanda, le midi comme le soir, les repas sont copieux ! Dans la même assiette, on retrouve plusieurs féculents (riz, pommes de terre, patates douces, frites) accompagnés de légumes (bananes plantains, petit pois, haricots rouges, dodo) et plus rarement de viande ou de poisson. Une sauce à la tomate ou à l’arachide est servie à côté pour arroser généreusement le riz, y tremper les frites et les pommes de terre ou simplement pour siroter comme une soupe. Une Rwandaise qui avait passé plusieurs mois en Europe m’expliquait ainsi qu’elle y avait trouvé la nourriture un peu sèche, d’autant plus pour les plats cuits au four.

À la maison comme au restaurant, les Rwandais sont ainsi très friands de buffets à volonté dans lesquels on retrouve tous ces plats traditionnels. Attention cependant, souvent les formules « à volonté » ne donnent droit qu’à un seul passage au buffet. Il ne faut alors pas s’étonner de voir des assiettes remplies jusqu’aux bords de nourriture.

Entre adaptation et manque

Si la cuisine au Rwanda est facile à adopter au quotidien car elle est équilibrée, pauvre en matière grasse et pas trop épicée, elle présente pour moi deux principaux défis.

1- Pas de dessert au Rwanda

Le premier et probablement le plus compliqué est l’absence de dessert dans la culture culinaire rwandaise. Pas de spécialités locales sucrées malgré un goût marqué des Rwandais pour les cuillères bien dodues de sucre dans le thé ou le café. Il y a bien quelques fruits tropicaux à savourer toute l’année comme la papaye, l’ananas, les tree tomatoes (une espèce de tomates un peu acide), les fruits de la passion, les bananes et mon préféré, la mangue. Cependant, même ces derniers sont surtout consommés lors du petit-déjeuner et peu en fin de repas.

2- Toujours la même chose dans l’assiette ?

Mon second challenge après un mois dans le pays : la relative monotonie des repas. Le Rwanda étant situé sur l’Équateur, son climat est relativement constant toute l’année, avec seulement une saison sèche et une saison des pluies. Aucun plat saisonnier sur les cartes des restaurants en conséquence. Et même lors des cérémonies, les plats restent les mêmes, seules les quantités varient. Les recettes rwandaises peuvent tenir en un simple feuillet. En France, ce sont des étagères et des étagères de livres de recettes.

Des différents pays que j’ai eu l’occasion de visiter dans le cadre de mon tour du monde (le Rwanda est le troisième pays après le Maroc et le Portugal), le pays des mille collines est probablement celui dont la nourriture me laisse le plus indifférente. Je pense que c’est la raison pour laquelle il était important pour moi d’en savoir plus sur la cuisine rwandaise en participant à un cours de cuisine local.

Et si on cuisinait rwandais ce midi ?

Direction le centre des femmes de Nyamirambo, l’un des quartiers les plus animés de Kigali, un samedi matin à 9h pour 3h de cours de cuisine rwandaise. L’endroit est hautement symbolique puisqu’il s’agit d’une coopérative de femmes du quartier qui ont décidé de s’unir pour proposer des cours d’alphabétisation ou d’informatique aux femmes de la ville dans le besoin financés par des tours ou des cours de cuisine pour les touristes.

1- Un cours de cuisine privé…

Première surprise, et de taille, je suis la seule inscrite à ce cours qui sera donc un cours privé. L’occasion de prendre part à toutes les étapes de la préparation des plats. Je note également tout de suite un sérieux effort pour s’adapter aux touristes en me tendant dès que j’arrive un tablier, tandis qu’une planche à découper est disposée sur le plan de travail (ici, ils coupent généralement les légumes directement dans leurs mains).

2- … dans une maison privée

Seconde surprise, ce cours s’effectue directement chez Aminatha, une femme d’origine congolaise, installée au Rwanda depuis plus de 20 ans et qui fait partie des femmes à l’origine du centre. On passe une porte et on entre dans une cour commune à plusieurs familles. La maison d’Aminatha est sur la gauche mais pour la cuisine, cela se passe un peu plus loin à droite car cette dernière est partagée par les cinq familles qui habitent là.

Au menu, 7 plats : des bananes plantains (ou ibitoke), des haricots rouges, des dodos à l’arachide (un genre d’épinard), du chou aux légumes, des pommes de terre, des patates douces et du riz.

Premiers pas dans l’espace qui sert de cuisine et premier étonnement : nous allons tout cuire simultanément dehors sur des réchauds chauffant au charbon. Pas très écolo ni très sain pour la santé, je vous l’accorde, mais c’est encore ce qu’il y a de plus simple pour les gens d’ici. En plus, dans le cuisine au Rwanda, les locaux aiment particulièrement les aliments bouillis longuement dans les marmites.

Le locavorisme à la rwandaise

De par son histoire et sa situation géographique, le Rwanda est un pays d’Afrique enclavé qui a été assez peu impacté par des influences extérieures. Cela se ressent notamment dans la nourriture. On peut seulement noter quelques influences indiennes, musulmanes ou de pays frontaliers (l’un des plats typiques ici, l’ubugari, une sorte de boule de pâte de manioc, est partagé avec d’autres pays de l’Est africain).

Pour les ingrédients, c’est un peu pareil avec des légumes cultivés localement. Au fur et à mesure des préparations, je me rends compte que si l’ingrédient principal varie d’une recette à l’autre, l’accompagnement est souvent composé des mêmes ingrédients : oignons, oignons nouveaux, branches de céleri, pulpe de tomates et cubes Maggi.

Accompagné par les commentaires d’un guide, Jado, ce cours de cuisine est l’occasion d’échanger sur les pratiques culinaires de nos pays respectifs. L’heure est donc à l’étonnement de part et d’autre. D’un côté, je note l’utilisation de la râpe pour dépulper les tomates. De l’autre, je les amène à goûter le jus de cuisson des dodos (je suis une vraie fan du jus de cuisson des épinards, alors pourquoi ne pas essayer avec les dodos).

Le déjeuner est servi

Le repas est prêt et garnit une grande table basse. Pas besoin d’être attablé ici pour manger, on pose l’assiette directement sur les genoux. Le repas est placé sous le signe du partage et vient rassasier le groupe de touristes qui finit le tour du quartier. Ce n’est pas pour me lancer des fleurs mais je trouve que c’est un des meilleurs repas que j’ai mangé ici.

Pour les restes, il n’est pas question de les mettre au frigo pour les manger plus tard. Tout sera mangé par les gens du quartier. Les Rwandais aiment les repas fraîchement préparés !