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On les connaît tous les beautés côtières de l’Australie, la raison pour laquelle 80% de la population se retrouve sur le littoral, dans ses grandes villes qui n’ont quasiment plus rien à cacher (Sydney, Melbourne, Adélaïde, Perth, Darwin, Cairns, Brisbane). Mais force est de constater que les régions isolées de l’Australie regorgent de grandes richesses.
Après avoir sillonné cet immense pays pendant 2 ans, nous nous sommes arrêtés plus longuement dans 3 régions isolées. De quoi s’enrichir d’une culture bien ancrée et se dégourdir dans des jobs qu’on n’aurait jamais imaginé faire.
Un séjour au Northern Territory
Cet état de l’Australie nous a marqué par ses paysages incroyables, mais pas que ! Si l’on veut se satisfaire d’un endroit ou d’une ville, il y a évidemment pleins de facteurs qui rentrent en compte. Mais quand tous les ingrédients sont réunis, on peut faire d’un endroit sans prétention, un endroit incroyable.
STEP 1 – Kununurra
Pour nous, Kununurra était un peu ça ! On entend déjà ceux qui ont détesté cet endroit mais attendez qu’on vous explique…
D’abord, pourquoi Kununurra ? Parce qu’on s’est décidés un peu tard pour effectuer une seconde année dans ce pays magnifique et il s’agissait de la ville la plus proche où l’on pouvait faire nos 88 jours. Malgré un démarrage compliqué au niveau du travail, tout a suivi son cours. Un travail de picking puis packing dans les courges / citrouilles pour Monsieur et un travail en cuisine dans une ferme pour Madame.
Là, vous vous dites que tout notre enchantement ne tient qu’à ça ? Faux ! Quand on veut se sentir bien quelque part, il faut savoir bien s’entourer ! Pour ceux qui l’ont déjà vécu, l’Australie (et le voyage en général), c’est aussi les rencontres. Je pense qu’on n’aurait pas autant apprécié le lieu si on était restés dans notre coin à travailler d’arrache-pied pendant 3 mois.
On s’est constitué un petit groupe d’un peu partout dans le monde et comme on était tous dans la même optique de se faire de l’argent, on a tenté de prendre notre pied même si parfois c’était difficile. Comme quoi, on peut tirer du positif même dans les moments difficiles.
On a eu la chance de travailler également avec des employeurs très sympas. Ce n’est pas toujours le cas, donc quand ça arrive, tu es plutôt aux anges. Les nôtres nous ont fourni autant d’heures qu’ils pouvaient nous donner, nous ont emmené faire du ski nautique dans les lacs avoisinants, nous ont offert un vol touristique à la fin de notre contrat (on a fait pas mal de jaloux…) et ils ont même gardé notre van pendant 7 mois entre notre première et notre deuxième année en Australie.
En plus de s’enrichir auprès de bonnes personnes, nous avons fait le tour autant que possible des beautés aux alentours. Sur ce coup-là, on est tous d’accord, il n’y en a pas des millions !
- À 50 minutes de Kununurra se trouve le lac Argyle. De quoi s’isoler et prendre un peu de bon temps, que ce soit à faire du kayak sur les eaux placides du lac (attention aux crocos !) ou en barbotant dans la piscine du Caravan Park du même nom (qui offre, en plus, une vue incroyable sur le lac).
- À 4 heures au sud de la ville se trouve un parc national à ne pas manquer : le Purnululu National Park. Endroit très photogénique mais uniquement accessible en 4×4.
C’est d’ailleurs au-dessus de ces 2 premiers endroits qu’on a survolé grâce à la bonté de nos employeurs. Autant vous dire que c’était dingue !
- Autre petit endroit agréable, El Questro ! Bon, il ne faut pas nous demander d’où vient ce nom à consonance hispanique, le site officiel du parc ne le sait même pas. Toujours est-il qu’il est bon de s’y promener. Petites cascades et coin baignade garantis pour faire face aux grosses chaleurs.
Ah et on oubliait, à 10 minutes du centre-ville, se trouve un refuge pour kangourous et de oiseaux. Un lieu à privilégier quand vous avez besoin d’une bonne dose de mignonneries dans ces régions isolées.
STEP 2 – Douglas-Daly
La deuxième des régions isolées dans lesquelles on a vécu c’est Douglas-Daly, à 2h30 au sud de Darwin et à 2h15 de Katherine. Le tout est d’être véhiculé pour ne pas être bloqué.
Là encore, on a eu notre lot de belles rencontres. Alors que nous cherchions un travail en restauration à Darwin, on nous a proposé un job en cattle station (station d’élevage pour de l’import / export). On avait rencontré pas mal d’autres voyageurs qui nous avaient « vanté » leur expérience hors du commun dans ce domaine. On s’est donc lancé, sans tergiverser.
Janaïna a été engagée pour préparer les repas aux différents travailleurs, faire le ménage, s’occuper des chiens, des poules… et moi j’effectuais du mustering (rassemblement de bêtes), du travail avec le bétail, de la mécanique et de la maintenance d’enclos. Quand tu as 34 km² de terre, je peux vous dire que ce n’est pas facile de rassembler du bétail (ils utilisent des hélicoptères).
Ce travail a évidemment son lot de mauvais côtés (marquage au fer des bêtes, vaccin, castration, décornage, …) mais c’était l’occasion de vivre une vie de cow-boy pendant quelques temps. Mis à part le fait que je me faisais parfois foncer dessus par le bétail et que les horaires étaient à base de 6h – 18h, on tire beaucoup de positif de cette expérience. En gros, attraper un buffle sauvage en buggy ne nous arrive pas tous les jours !
On tient à préciser que nos collègues et notre patron étaient très sympathiques. Des crèmes même !
Il ne faut pas se fier à ce que tout le monde raconte et toujours se faire sa propre opinion. Bon, on vous avoue que lorsqu’on a débarqué, on a vrillé en entendant l’accent de certains d’entre eux.
Étant donné le travail qui n’était pas de tout repos, on a su se changer les idées avec les diverses activités tout autour :
- Le Litchfield National Park ! Un coup de cœur parmi d’autres (en plus gratuit !). Plusieurs cascades comme les Florence Falls, Tolmer Falls ou Wangi Falls, des trous d’eau au Buley Rockhole (attention, très prisé).
- Les sources d’eau chaude de Katherine. À 2h15 au sud de notre cattle station, ces sources offrent un peu de répit et le cadre est assez sympa.
- Le parc national de Nitmiluk qui se trouve légèrement au nord de Katherine. L’attraction phare : Edith Falls ! Le parc ne s’arrête pas qu’à une cascade, il est possible de randonner et évidemment de se rafraîchir dans les « piscines » attenantes. On y trouve également Katherine Gorge, et son circuit de 66 kilomètres. Autant vous dire qu’on ne l’a pas fait, sachant qu’il faisait une chaleur étouffante.
- Rodéo à Noonamah, à 30 minutes de Darwin. On était dans l’ambiance, on ne pouvait pas rater cette expérience aussi impressionnante que… stupide.
- Rendez-vous avec les crocos à Adélaïde River. Une heure pour aller à la rencontre de ses dinosaures qui peuvent mesurer jusqu’à 6 mètres. Il y a toujours ce système d’appât qui dérange un peu, mais la rencontre est assez folle.
- Dernière endroit : baignade dans les sources de Mataranka, à 3h30 au sud de la région de Douglas Daly. Deux choix pour se détendre, les Bitter Springs et les Mataranka Thermal Pool. Petite préférence pour les Bitter Springs, par son côté naturel.
Queensland
Le Queensland a également son lot de grands espaces, et c’est sur ce dernier point que nous allons terminer cet article. Parmi les régions isolées de que nous avons pu habiter, celle-ci nous a offert à la fois une isolation excessive et une expérience plus vraie et authentique que jamais.
En effet, nous avons été sollicités pour travailler dans une communauté aborigène, au nom d’Aurukun, qui se situe à 2 heures de vol / 10 heures de route (gravel road) / 800 kilomètres de Cairns (en d’autres termes, on était isolés comme jamais). Cette petite ville d’à peine 1300 habitants, dont 90% sont aborigènes, nous a accueillis et nous en gardons un souvenir à la fois triste et inoubliable.
J’ai été engagé pour être manager de l’unique hôtel de la ville, et Janaïna a mis à disposition ses qualités au poste de cheffe de cuisine du restaurant de l’hôtel. Dans notre travail, on n’aura pas ou peu de contact avec les locaux : certains ont la chance d’avoir un job mais ce n’est vraiment pas monnaie courante.
On accueille surtout les fonctionnaires de l’état, les professeurs, les professionnels de la santé, les pilotes d’avion, les employés du bâtiment et les personnes qui travaillent dans les mines de bauxite.
Parce que oui, vous vous en doutez, si les « blancs » partent dans ces régions isolées, c’est pour des raisons financières… Voilà un peu la raison pour laquelle on a un souvenir un peu amer de cette expérience malgré les belles rencontres que l’on a fait. On ne va pas refaire le débat quant à la place des aborigènes en Australie, mais la situation, vue de l’intérieur, est bien plus sombre qu’elle n’y paraît.
Après y avoir travaillé 3 mois, on s’est encore plus rendus compte que les aides qu’on leur prodigue apparaissent vraiment comme des façades et rien ne sonne vrai (même si certaines personnes donnent vraiment du cœur à l’ouvrage). On les a vite forcés à se sédentariser, pour certains, à se détacher de leur richesse culturelle, de leurs coutumes ancestrales, de leur mode de vie (pêche / chasse).
D’un côté, on a les personnes qui ont réussi à s’intégrer et puis on a les autres. Ils apparaissent alors comme des marginaux aux yeux de la société mais tout être humain réagirait ainsi si son mode de vie était remis en cause en moins de 50 ans… Leurs grandes silhouettes longilignes ont laissé place à des ventres bedonnants à cause de leurs nouvelles addictions aux sodas et à l’alcool, à leur nouveau régime alimentaire à base de fast-food et autres fish’n’chips. Toutes ces nouveautés ont également eu pour incidence une diminution de leur espérance de vie, déjà qu’elle n’était pas bien élevée. En 3 mois, on a eu 5 décès dans la communauté…
Cependant, les aborigènes n’ont pas tous renoncé à leurs coutumes. La cérémonie de deuil nous a beaucoup marqué par ses danses, ses chants, ses couleurs et ses pleurs.
Mis à part le travail, les activités n’étaient pas nombreuses (sport, sunset dans la rivière où les crocos élisent domicile, films, …) ! Pas de bar car pas d’alcool dans la communauté, du coup c’était sevrage complet.
On essayait tant bien que mal de nouer le contact avec les aborigènes de la communauté, certains nous ont appris à pêcher (on est toujours aussi mauvais), d’autres nous ont raconté leur passé à faire la guerre aux côtés des Australiens. On a eu la possibilité d’acheter des peintures aborigènes authentiques, on a eu le droit à de nombreux sourires et Janaïna a même soigné les petits bobos alors qu’elle était en plein service.
Durant ces 3 mois, nous avons eu l’occasion, avec une partie de l’équipe et le temps d’un week-end, de sortir un peu de la communauté afin d’atteindre le point le plus au Nord de l’État connu sous le nom du « Tip of Australia ». Rien de transcendant mais c’était histoire de changer d’air et se siphonner quelques bières.
Parmi les lieux qui nous ont marqués dans ces régions isolées, on notera les plages de Somerset, Albany Island, Pajinka et Punsand Bay. Dans ce no man’s land se trouve également un très bon coin baignade dans le Heathlands Regional Park. Rafraîchissement garanti !
Finalement, vous l’aurez compris, s’isoler peut parfois amener du bon dans la vie. Et des régions isolées en Australie, il y en a un paquet. Il s’agit là d’un bref retour basé sur nos expériences, dans des lieux qu’on n’imaginait même pas, dans des jobs qu’on ne pensait jamais faire. Mais tout ce qu’on en tire, au final, c’est du positif.
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