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La Transatlantique, une alternative à l’avion
Solène et Claire sont parties pendant plusieurs mois dans le cadre d’un projet en césure pendant leurs études. Pour rejoindre l’Amérique du Sud, elles ont choisi de commencer leur périple non pas en prenant l’avion mais en traversant l’Atlantique à la voile. C’était leur rêve, elle l’on fait, c’était incroyable, et elles nous racontent !
Trouver son bateau
Première étape : il fallait convaincre nos parents. « Quoi, sur un bateau, seules au milieu de l’Atlantique ? Mais vous êtes folles ! »
En réalité, la transatlantique est beaucoup plus commune que ce que l’on pense. Bien entendu, cela reste un défi, cela nécessite anticipation et préparation. Mais aujourd’hui, les bateaux sont très bien équipés et on arrive à rassurer nos parents.
Pour trouver notre bateau, on s’est inscrites sur de nombreux sites de « Bourse aux équipiers », sur lesquels s’échangent des propositions d’embarquement et des profils d’équipiers cherchant à naviguer. Nous avons échangé avec plusieurs bateaux avant de rencontrer « the one » !
Nous rentrons ainsi en contact avec Jean-Christophe et Valérie, un couple français qui part faire un tour du monde avec leur catamaran, un Slyder 47. Après plusieurs échanges avec eux, c’est décidé, on embarque sur Viva Too, leur bateau, le 3 novembre !
Premières escales, avitaillement, et préparation de la traversée
Nous quittons donc les côtes espagnoles début novembre, pour une première navigation qui nous mène jusqu’aux îles Canaries, où nous restons quelques jours. Cette première traversée nous met en jambe : on apprivoise le bateau, on fait nos premiers quarts de nuits. En effet, la nuit, le bateau ne s’arrête pas ! Donc l’équipage tourne toutes les 2-3 heures pour surveiller les voiles, les changements d’orientation du vent, la houle…
Ensuite, dernière étape avant la transatlantique : le Cap-Vert. Nous effectuons la traversée en 6 jours depuis les Canaries, et découvrons les différents îles. Nous devons y faire les derniers préparatifs avant la traversée, alors nous ne perdons pas de temps. Un mécanicien vient réparer notre moteur bâbord (l’inverseur nous a lâché à Boa Vista) pendant que nous partons acheter la nourriture et l’eau, nécessaires pour deux semaines en mer. Nous faisons l’avitaillement au marché municipal et au marché aux poissons, où nous voyons des kilos de thon se faire emmener par de toutes petites barques. Aussi, nous devons faire attention à bien choisir les produits frais afin qu’ils tiennent le plus longtemps possible pendant la transatlantique ; heureusement Valérie àl’œil et arrive à bien identifier les produits qui risquent de se détériorer rapidement !
Et on traverse !
Le mercredi 5 décembre à 15h (UTC), nous larguons les amarres. Comment est-ce que nous nous sentons ? Alors que nous appréhendions un peu la veille du départ, au moment d’appeler nos proches, le jour-J nous avons hâte ! Hâte de découvrir ce que l’océan Atlantique a à nous offrir ! Et nous n’avons pas eu à attendre longtemps avant de recevoir notre premier cadeau : au bout d’une heure de navigation nous obtenons notre première pêche avec une magnifique bonite ! Nous sommes toutes les deux surexcitées, nous avons à peine remonté le poisson que nous voulons déjà le préparer en sushis ! Mais après s’être concentrées un peu trop longtemps pour découper des tranches fines de poisson, Claire est prise de mal de mer directement après le repas, dommage … Pour notre premier quart de nuit, nous rencontrons aussi notre première complication. En effet, nous installons notre grand spi pour la nuit mais vers 2 heures du matin, alors que le vent est stable et assez faible (12-15 nœuds), notre spi se déchire d’un coup sur la longueur ! C’est impressionnant à voir parce que la voile est immense ! Nous l’affalons donc et la rangeons avec l’espoir qu’elle puisse être réparée à notre arrivée en Martinique. Heureusement, Jean-Christophe avait prévu un deuxième spi que nous installons directement.
Nous bénéficions ensuite d’un bon vent pendant les premières 24 heures ce qui nous permet d’avancer assez rapidement (7-8 nœuds). Cependant rapidement un trou d’air est descendu sur nous ce qui nous arrête net dans notre élan. Le troisième jour, avec seulement 5-6 nœuds de vent nous devons mettre en route le moteur. Mais nous ne nous laissons surtout pas abattre et nous décidons de tirer profit de la pétole ! Tout d’abord, nous nous baignons, reliés au bateau par un bout ; autour de nous une interminable étendue de mer et en dessous des kilomètres de profondeur avec un fond marin auquel il ne vaut mieux pas penser. La sensation est géniale ! Ensuite, Valérie nous prépare un super apéro pour le coucher de soleil, et comme il n’y a pas de mer le bateau est très stable et nous pouvons tous aller sur le trampoline à l’avant du bateau. C’est magique ! Aussi en 3 jours nous avons pêché trois dorades et chaque pêche devient un petit rituel : ça mord, excitation générale sur le bateau, Jean-Christophe le remonte, une de nous le gaffe pour le tuer rapidement, séance photo avec la prise du jour avant que nous nous occupions toutes les deux de vider le poisson et découper les filets, Valérie prépare ensuite les dorades au four, en ceviche, en carpaccio ou à la plancha. C’est excellent !
Pendant les cinq prochains jours, nous profitons des Alizées (vents qui se forment en cette période au-dessus de l’atlantique et qui poussent les bateaux d’est en ouest) et avançons vraiment à un bon rythme. Il fait de plus en plus chaud et beau sur le bateau, nous passons donc nos journées à lire, bronzer, faire des réglages de voile, manger et contempler l’étendue de mer autour de nous. Les quarts de nuit ne nous fatiguent plus et au contraire nous les apprécions beaucoup. Nous n’avons pas de lune donc nous profitons du spectacle des étoiles toutes les nuits, les étoiles filantes dansent. La nuit nous nous occupons aussi en écoutant des podcasts, en bouquinant ou en regardant des épisodes sur notre portable. Nous passons la barre des 1000 miles avant la Martinique au bout de 6,5 jours.
Mais là, au moment où nous pensions pouvoir atteindre notre objectif de 12 jours pour traverser, catastrophe. Notre second et dernier spi se déchire pendant la nuit. Nous avions décidé de le garder parce que nous avons l’allure idéale pour cette voile. D’ailleurs, avec un vent autour de 20-23 nœuds, nous avons fait des pointes de vitesses à 17 nœuds (record du bateau) en surfant sur les vagues, porté par le spi. Mais cette nuit-ci, juste avant que le soleil ne se lève, le vent monte à 27 nœuds, nous devons donc affaler le spi en urgence. Alors que nous avons rangé un tiers du spi, une rafale le regonfle et il cède sous la pression entre la chaussette et le vent. Nous nous retrouvons donc à 780 miles de la Martinique sans voile qui corresponde à notre allure. Bien sûr, nous pourrons avancer, mais certainement beaucoup plus lentement. Le moral n’était pas au beau fixe le lendemain… !
Alors nous essayons différentes combinations de voiles pour reprendre un maximum de vent et grâce à un vent stable et fort nous avançons tout de même autour de 6,5 nœuds pendant le reste de notre traversée. Plus nous nous approchons de la fin, plus nous avons l’impression que nous n’avons pas encore assez profité de cette expérience unique, que nous n’avons pas vu assez de lever et de coucher de soleil, que nous avons encore trop de choses à apprendre en voile, que nous n’avons pas encore assez mangé et pêché de poisson. D’ailleurs, alors que nous n’avions pas pu mettre la ligne pendant une journée à cause des nombreuses algues flottantes qui peuplent la mer des Sargasses, quelques heures à peine après avoir remis la canne, nous pêchons un véritable seigneur des mers : un marlin bleu de 1m83. C’est tellement majestueux que nous sommes tous émus au moment de le remonter dans les jupes du bateau. Certainement un des souvenirs les plus marquants de cette transat !
Après 14 jours au large, en n’ayant croisé que 2 bateaux au loin, il est 3 heures du matin, heure locale, lorsque que nous apercevons pour la première fois les lumières de la Martinique. Notre pilote affiche 25 miles restant avant d’arriver. 25 miles sur les 2200 miles qu’il affichait au départ. A l’aurore, nous sommes accueillis par les pluies tropicales, c’est la première fois que nous prenons des grains aussi longs depuis que nous sommes partis.
On a presque envie de repousser le moment de mouiller dans la baie : on est tellement bien en mer…
Il est 9 heures du matin lorsque que nous mettons l’ancre et retrouvons des amis sur un autre bateau, arrivés quelques heures avant. Encore aujourd’hui nous avons du mal à réaliser, mais nous avons traversé l’océan Atlantique.
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