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Il existe deux Pérou. Un Pérou touristique et un autre plus naturel et méconnu tout aussi incroyablement beau, mais qu’il faudra mériter pour avoir la chance de le contempler.
Dans cet article je vais vous parler d’un des plus beaux treks du monde. La cordillère noire de Huayhash.
Ce trek se réalise généralement avec une agence, mais il est tout à fait réalisable en autonomie. Pour cela il faut se préparer correctement.
Tout d’abord, il faut savoir que ce TREK se passe en altitude, à des hauteurs allant de 4100m à 5100m au-dessus du niveau de la mer. Ce qui peut paraître insurmontable est largement réalisable avec une bonne acclimatation préalable. Pour cela, passer au moins une ou deux nuits dans une ville en altitude (ex: Huaraz à 3050m d’altitude). Et en faisant de petites randonnées d’acclimatation à la journée pour aller découvrir la beauté des lagunes environnantes (ex: Churup, Llaca).
Pour partir en autonomie, l’acclimatation n’est pas la seule chose à prendre en compte, il vous faut du matériel !!
Le matériel est ce qui vous facilitera la vie durant votre randonnée. Marcher en altitude avec du dénivelé positif et des conditions météorologiques changeantes peut être difficile, pour cela avoir du bon matériel peut changer la donne.
COMMENT BIEN SE PRÉPARER ?
Les essentiels :
- une bonne paire de chaussures
- une tente
- un bon duvet
- un tapis de sol
- un bon sac à dos
- des bâtons de marche
- un réchaud et une bouteille de gaz (pleine)
- de la crème solaire et stick à lèvres
- un chapeau, casquette, lunettes de soleil
- des affaires imperméables (parka, bâche de sac)
- une trousse de soin + couverture de survie
- un filtre à eau
Le plus important : de bonne chaussures, il est primordial de partir avec une bonne paire au pied. J’ai trop souvent vu des personnes partir en randonnée avec des chaussures non adaptées à l’environnement.
Vos pieds seront votre meilleur et seul moyen de locomotion en TREK. Il est donc primordial d’en prendre soin. Les longues heures de marche ainsi que la répétition sur plusieurs jours vous fatigueront les pieds.
Il faut adapter votre choix de chaussures en fonction de vos besoins. Si vous avez des chevilles fragiles, que vous avez tendance à vous les fouler en marchant, prenez des chaussures montantes couvrant votre malléole. Si vous vous rendez dans des endroits avec des conditions enneigées, une petite moumoute intérieure comblera vos petits orteils. Qu’elles soient Gor-Tex (imperméable) en cas de pluie est un plus.
Il est important d’écouter les conseils des professionnels concernant les chaussures mais la seule bonne paire sera celle dans laquelle vous vous sentirez bien directement en l’enfilant.
Si vous ne vous sentez pas à l’aise dans la paire dès le début ça ne changera pas en marchant et ça ira même en s’empirant allant même jusqu’à vous blesser les pieds.
Pour ma part j’aime prendre une demi pointure voir une pointure de plus car avec les longues marches, les pieds ont tendance à gonfler et prendre plus de place dans la chaussure.
On pense trop souvent aux chaussures mais pas assez aux chaussettes, les chaussettes sont tout aussi importantes que la paire de chaussures. Prenez de bonnes paires de chaussettes, il ne faut pas hésiter à les changer durant la marche pour garder les pieds secs, le plus possible.
Le couchage
Dormir dans de bonnes conditions vous permettra de marcher plus longtemps et en meilleure forme. Dormir dehors en tente n’est pas aussi reposant que sous une couette dans un lit.
Il faut donc s’y préparer correctement.
La tente sera en général votre pire ennemie dans le sac, en raison de son poids ou de la place qu’elle occupe. Mais le soir elle sera votre meilleure amie, pour vous couvrir de la pluie ou vous protéger des insectes (et oui dans la nature il y a beaucoup d’insectes le soir).
Avant une randonnée, il est primordial d’essayer son matériel avant de l’utiliser, d’autant plus si c’est du matériel de location et que ce n’est pas le vôtre.
Vous devez vérifier que la tente ne soit pas percée et qu’elle comporte tous les éléments.
Entraînez-vous à la monter une ou deux fois avant de partir car une fois parti, il sera trop tard pour découvrir tout problème.
Il est important de trouver un bon endroit pour planter la tente, un endroit au sec et à plat : dormir en pente peut-être assez désagréable.
On apprend de nos erreurs, je vais vous partager une des miennes pour vous l’évitez : si votre tente dispose de ficelles, ou cordelettes sur la bâche supérieure, sachez qu’elles ne sont pas là pour la décoration. Il faut les tendre à l’aide des sardines.Cela vous évitera d’être réveillé en pleine nuit car il vous pleut dessus….. Tendre les cordes empêche la bâche de coller à la moustiquaire de la tente et d’ainsi la protéger de la pluie.
Le duvet, il est essentiel à votre sommeil !
Il ne faut pas hésiter à en prendre un plus chaud, puisqu’il vaut mieux avoir trop chaud que trop froid… S’il est malheureusement très encombrant, et prend généralement une grosse place dans votre sac, je vous conseille tout de même d’opter pour un duvet en plumes plutôt qu’un synthétique.
Les duvets en plumes sont conçus pour dormir nu dedans (en sous-vêtements), car c’est votre sueur corporelle qui réchauffera l’intérieur du duvet. Si vous dormez habillé, vous créerez l’effet inverse.
Vous pouvez (devez) couvrir vos extrémités, pieds avec une grosse paire de chaussettes et un bonnet pour les plus frileux car c’est aux extrémités du duvet que vous aurez le plus froid.
À noter qu’il faut prendre en compte la température confort et qu’il faut retirer 3 à 5°C pour être proche de la réalité pour les femmes.
Vous pouvez ajouter un sac à viande dans votre duvet pour gagner quelques degrés supplémentaires.
Petit plus : pensez à bien isoler votre duvet dans votre sac en le mettant dans une pochette étanche ou un sac plastique, car un duvet mouillé vous garantit une bonne nuit blanche….
Le sac à dos
Il est important de ranger correctement les affaires dans votre sac, normalement il faut ranger les choses les plus lourdes au fond. Si votre sac n’est pas bien équilibré, vous allez en pâtir durant toute la randonnée. Inutile de s’ajouter de la difficulté, la marche en elle-même est plus que suffisante !
Les bâtons de marche
Pour beaucoup ce n’est pas un essentiel mais quand vous emmagasinez la fatigue au fil des jours et que les petites pentes vous paraissent interminables et plus abruptes qu’elles ne le sont, vous serez bien content d’avoir vos bras pour économiser vos jambes.
Un marcheur se servant correctement de ses bâtons peut économiser jusqu’à 60% d’énergie, sur plusieurs jours ce n’est clairement pas négligeable !
Les bâtons peuvent également vous aider à éviter les chutes, vous vous rattraperez et stabiliserez plus facilement.
Un réchaud pour la nourriture.
Et oui, il est important de manger chaud, le soir après une longue journée de marche même en plein été. Votre corps sera vraiment plus rassasié avec un plat chaud. Pensez à avoir une bouteille de gaz pleine, ça serait bête de manquer de gaz durant la randonnée, d’autant plus si vous ne disposez pas d’un système de filtration de l’eau et que vous devez la bouillir pour sa bonne consommation.
Toujours avoir plusieurs moyens d’allumer le feu (briquets, et allumettes). Il est préférable de toujours les garder au sec dans des sacs isothermes, si vous ne voulez pas vous retrouver à tenter l’épreuve du feu de Koh Lanta en grattant votre bout de bois à des brindilles.
Les protections solaires
En altitude, vous êtes plus proche du soleil et même avec des nuages, il tape directement sur votre peau. N’hésitez pas à vous badigeonner de crème tout au long de la journée. Il en va de même pour le stick à lèvres, ça vous évitera d’avoir des gerçures béantes sur votre visage.
Mettez un chapeau ou une casquette, les insolations en altitude arrivent très vite.
Encore une fois, la randonnée en altitude est déjà assez difficile pour votre cerveau, inutile donc de se tirer une balle dans le pied supplémentaire en vous ajoutant un mal de crâne évitable.
Le filtre à eau, ou gourde filtrante
Quand on part plusieurs jours en randonnée, il est impossible de prendre la quantité totale d’eau nécessaire aux différents jours, le sac est déjà assez lourd comme ça.
Pour ma part j’opte pour 2,5L d’eau minimum, l’hydratation est essentielle et encore plus en altitude.
L’avantage d’un système filtrant est que je ne suis jamais à court d’eau : dès qu’il m’est possible de faire le plein des gourdes, je le fais immédiatement. L’eau est une des seules choses qu’il ne faut pas avoir peur de porter pour rien et comme dirait un grand homme « dans 20-30 ans il n’y en aura plus »
Une trousse de soin, avec le minimum, pansements pour vos pieds et talons qui peuvent vite se couvrir d’ampoules. Straps et compresses. Ajoutez une couverture de survie qui peut vous sauver la vie par grand froid, elle vous réchauffera par-dessus vos duvets.
L’itinéraire:
Il est important de bien regarder et préparer son itinéraire avant une randonnée.
Cela vous évitera de vous perdre et de vous rajouter des kilomètres supplémentaires à ceux déjà prévus.
Pour des questions de sécurité, travailler son itinéraire vous évitera aussi de vous retrouver dans de mauvaises situations.
Pour ma part j’utilise principalement deux applications, maps.me et Alltrails car elles ne nécessitent pas d’internet (en montagne vous n’avez pas souvent d’accès au réseau). Il est primordial de toujours avoir une carte et de connaître sa position.
Mon itinéraire sur le trek de Huayhash (7 jours)
J1 – Cuartelwain (début) – Camp de Mitococha
J2 – Camp de Mitococha – Camp Las 3 Lagunas
J3 – Camping Las 3 Lagunas – Camping Huayhash
J4 – Camping Huayhash – Camp Elefante
J5 – Camp Elefante – Village Huayllapa – Camp Huatiaq
J6 – Camp Huatiaq – Camping Jahuacocha
J7 – Camping Jahuacocha – Village Llamac (fin)
Cet itinéraire n’est en rien une obligation, il existe d’autres variantes et le trek peut se faire sur 5 jours comme sur 12 jours.
JOUR 1
Nous avons commencé le trek au départ de Cuartelwain, le camp se trouve à 30 minutes en voiture du village de Llamac.
Pour randonnée à Huayhash, il faut s’acquitter de taxes. Elles sont à régler aux communautés locales vivant sur les terrains que vous empruntez.
La première taxe se paie à Llamac, 50 soles /p.
La suivant au village de Pocpa, 10 minutes après Llamac, 20 soles /p.
Une fois à Cuartelwain vous pouvez enfin commencer à randonnée, le départ du trek est déjà à une altitude de 4100m.
Vous commencez par grimper environ 2h jusqu’à arriver à 4700m avant de descendre jusqu’au camp de Janca à 4200m.Une nouvelle taxe de 40 soles/p est à régler pour passer.
J’ai préféré continuer quelques kilomètres de plus pour poser la tente près du lagon de Mitococha et me rendre à la lagune de Niñacocha 4400m sans mon sac.
8,5 Km: en montagne on compte plus en heures de marche qu’en kilomètres, compter 4h30 pour la première journée, ajouter 1h30 A/R jusqu’à la lagune de Niñacocha.
600 m D+ (option lagune +200m)
500 m D- (option lagune -200m)
JOUR 2
Il est important de partir tôt le matin, car la météo change très souvent l’après-midi.
Nous quittons notre lieu de bivouac pour rejoindre le sommet de la journée se trouvant à 4700m, la première partie est un faux plat montant, comptez 2-3h pour vous y rendre.
Vous arrivez sur une petite lagune.
La suite ne fait que descendre jusqu’au lagon de Carhuacocha, vous pouvez dormir au camp de Carhuacocha qui se trouve à 4200m.
De mon côté, j’ai continué quelques kilomètres pour arriver aux 3 lagunes à 4300m.
Il faut s’acquitter d’une taxe de passage de 30 soles/p.
11 Km / ≈ 8h de marche
500 D+
500 D-
JOUR 3
La journée commence par une pente jusqu’au mirador des 3 lagunes se trouvant à 4500m. Le point de vue sur les lagunes et les glaciers vaut chaque goutte de sueur que vous allez dépenser.
La pente ne s’arrête pas là mais elle continue jusqu’à Paso Siula à 4800m. Comptez 2h de montée depuis les lagunes.
S’en suit une longue descente jusqu’au camp de Huayhash à 4300m.
J’ai continué une bonne heure pour remonter jusqu’aux deux lagunes à 4500m puisque la journée du 4ème jour est connue pour être longue.
11 Km / ≈ 5h30 jusqu’au camp de Huayhash
600m D+
500m D-
JOUR 4
Départ des deux lagunes, 1h30 de montée jusqu’au sommet se trouvant à 4750m.
Ensuite, il faut descendre jusqu’à la lagune de Viconga à 4500m.
Vous avez la possibilité de dormir au camp de Vicongo pour profiter de ses eaux thermales, la taxe communautaire est de 20 soles/p.
Je ne suis pas resté et j’ai continué vers le second sommet de la journée. Direction 5000m d’altitude d’où vous pourrez admirer le nevado Puscantrupa- Pico Sur culminant à 5550m.
Vous redescendez jusqu’à votre campement du soir : campo Elefante à 4500m.
8,7 Km / ≈ 8h de marche
600m D+
500m D-
JOUR 5
Plusieurs options sur ce jour en TREK.
La première est de se rendre jusqu’au mirador Santa Rosa à 5100m pour voir les lagunes du haut d’un glacier.
La seconde est d’aller directement au village de Huayllapa, cet itinéraire ne fait presque que descendre jusqu’au village se trouvant à 3400m d’altitude.
Vous avez le choix d’arrêter le trek au village, des bus partent du village jusqu’à Lima (avec un changement de bus en route).
Vous pouvez dormir au village, il y a des hostels, ou vous pouvez continuer, vous devez remonter jusqu’au campement de Huatiaq à 4400m.
Cette journée est assez épuisante.
18 Km / ≈ 8h de marche (1h de pause au village pour manger)
1000m D+ (option mirador San Rosa 600m D+)
900m D-
JOUR 6
Encore de la montée au programme, une première ascension jusqu’à 4800m. Vous passez par le camp de Gashpapampa à 4450m.
Vous remontez ensuite jusqu’au col de Yaucha à 4800m. De là, vous pouvez admirer la vue sur les différents glaciers face à vous. Il y a plusieurs mirador dont le dernier à 4750m permet de voir le lagon de Jahuacocha et le glacier derrière.
Redescendez jusqu’au lagon où se trouve le campement du soir (4000m).
18 Km / ≈ 8h de marche
800m D+
800m D-
JOUR 7
Les 14 derniers kilomètres jusqu’au village de Llamac.
Deux options possibles.
La première est de longer le canyon en restant à 4000m pendant 8 kilomètres.
La seconde est de longer le canyon mais en prenant le chemin qui se rend jusqu’au col à 4300m pendant 8 kilomètres.
Les 6 derniers kilomètres ne font que descendre jusqu’à l’entrée du village (3200m).
11 Km / ≈ 4h30 de marche (route jusqu’au col)
300m D+
1100m D-
Conclusion
Voilà qui conclut les explications de ce magnifique TREK !!
La randonnée en autonomie est assez difficile mais tellement gratifiante car chaque effort sera récompensé par les paysages que vous allez voir. Ainsi que par le dépassement de soi !! Il ne faut pas penser qu’il est impossible d’entreprendre une randonnée comme celle-ci seul. Il faut s’entraîner avant et s’acclimater correctement, ces deux facteurs seront essentiels à votre réussite.
Relevez ce challenge, vous ne le regretterez pas !!